Il y a un peu plus de 20 ans, je découvre l’étude des comportements (je ne sais pas encore que cela s’appelle l’éthologie). Je m’intéresse de très près à mes 3 de mes animaux fétiches : le bonobo (c’est lui qui me fera découvrir cette science), les orques et les éléphants. Que des animaux sauvages… Comme beaucoup, je ne saisis pas que cette science s’applique aussi à nos animaux domestiques.
En 2007, je découvre l’équitation éthologique (qui n’a d’éthologique que le nom, mais à cette époque, ça non plus, je ne le sais pas). Je suis fascinée par les résultats obtenus, je m’y intéresse de plus près. Je découvre qu’il y a une formation scientifique très renommée en France, une formation en éthologie (quelle confusion !). Je décide de la faire… plus tard.
C’est en 2013 que je tente d’intégrer cette formation très sélective (17 inscrits pour des centaines de demandes). Je suis recalée. Je tente à nouveau en 2014 et cette fois, je suis retenue. Je suis heureuse et fière. Je commence ma formation en novembre, pleine de certitudes qui s’écrouleront comme un château de cartes le temps d’une observation dans les conditions scientifiques. Je constate que je ne sais rien en éthologie du cheval. Tout est à apprendre.
A partir de là, je comprends que cette science m’a toujours attirée (des années devant les documentaires animaliers !!). Je comprends que je ne pourrai plus jamais faire comme avant : observer, interagir, réfléchir, agir. Je comprends ce que je me cachais depuis longtemps : cette science est une passion, elle va prendre une place immense dans ma vie. Pour ma plus grande joie.
Martine Hausberger, Séverine Henry, Léa Lansade me font redécouvrir le cheval en tant qu’espèce, m’apprennent à observer, à réaliser un protocole scientifique... Ces dernières années, leurs travaux sur le bien-être, le mal-être et la cognition se sont développés considérablement et ces 3 thèmes me passionnent plus que tout. Ces études sont mon terreau pour mon travail avec les chevaux et j’adapte tout au cheval en soins. Même si au départ, ces études sont réalisées sur des chevaux qui ne sont pas en soins, je sais que bientôt, il y aura des occasions d’en réaliser sur ce sujet. Et je compte bien m’y employer.
Ce que ces chercheuses m’ont appris de plus précieux, ce sont : l’observation, le questionnement et savoir dire « je ne sais pas » ou « on ne peut pas dire ». Je me souviens encore de Martine Hausberger, la première semaine de la formation, dire « Je ne sais pas ». Ca m’a bluffé. Voir une scientifique reconnue avouer son ignorance, c’était perturbant et salvateur. Oui, on ne sait pas tout. Oui, on peut essayer de nouvelles pistes. Oui, on peut poser la question à l’animal (avec rigueur). C’est aussi ce que j’ai appris. Et je m’en sers presque chaque jour.
Parmi les connaissances en éthologie appliquées au cheval en soin, j’utilise régulièrement, les études autour du bien-être/mal-être et de la douleur, de la personnalité, de la cognition, de la relation humain-cheval et de la relation mère-poulain.
Sur le cheval en soin, la rencontre déterminante c’est Cécile Le Moal. Le jour où elle présente son étude sur l’enrichissement du milieu du cheval hospitalisé, je suis assise à côté d’elle. Par hasard ( !). Car à ce moment-là, je ne sais même pas qu’elle présente une étude. Son étude sera une bouée de secours à laquelle je vais m’accrocher pendant près de deux ans. Que je vais décortiquée, testée, améliorée sur mon propre cheval pour le sortir d’une grave blessure qui nécessitera 14 mois de box ferme et 2 ans de soins avant son retour au pré.
Depuis, pour les chevaux immobilisé au box, je n’aurai de cesse de m’informer, de croiser les études, les pratiques, d’expérimenter et d’observer pour trouver ce qui est le mieux pour eux. Grâce à ces chercheuses et à tant d’autres, nous avons désormais les moyens d’aider les chevaux en soins. Et je suis reconnaissante et fière d’avoir été formée par elles.