Bucéphale

Points de vue et réflexions


Pourquoi les élèves apprennent mal ?

Qui n'a jamais entendu dans un cours d'équitation ?

"Tu ne comprends rien" Fais-ci, fais-ça" "Pourquoi tu ne fais pas ce que je te dis ?"

 

Pourquoi en équitation, est-ce trop souvent difficile d'apprendre ? Je vous propose le point de vue du cerveau.

 

Difficulté 1 : la peur

La peur inhibe l'apprentissage chez tous les mamifères et l'humain. La peur est là pour nous faire réagir vite à un stimuli. Elle bloque donc tous les autres mécanismes qui permettent de réfléchir, de faire le lien, de filtrer, de comprendre, d'apprendre.

Et souvent, on a peur à cheval...

Comment lutter ? Revenir en arrière, à l'étape où vous n'avez pas peur, avec le cheval qui ne vous fait pas peur.

Sinon, vous perdrez un temps précieux à essayer d'apprendre avec la peur. Prendre son temps est toujours le meilleur chemin pour enseigner et apprendre, surtout quand on a peur.

 

Difficulté 2 : la concentration

Pour apprendre, il faut être attentif et se concentrer. Sauf que... avec un cheval, l'attention sur le geste à apprendre peut être vite perturbé. Parce-que le cheval est distrait et qu'il faut aussi l'avoir concentré, parce-que l'on demande aux élèves de s'occuper de 3 choses en même temps (le cheval, pieds, mains...),etc. Bref, l'attention se disperse et l'apprentissage s'enfuit.

Que faire pour changer cela ? Fixez-vous un objectif et faites-en part à vos élèves pour ne travailler que cela. Vous verrez, vos élèves aussi vous seront reconnaissant de ne pas vous/le disperser. ;-)

 

 

 

Difficulté 3 : l'absence de répétition/pratique entre deux cours

Tout le monde n'a pas un cheval à la maison pour répéter ses "gammes" équestres et refaire les exercices. Alors, comment faire ? On peut entrainer ses muscles et ses sensations, sans cheval. Le trot enlevé : se lever d'une chaise/ballon. L'équilibre sur les pieds : à faire debout. Le corps et le cerveau savent se réadapter à la situation. Entre deux cours, vos élèves travaillent ainsi leurs muscles et répètent le mouvement sans s'en rendre compte, mais leur corps et leur cerveau, eux, ont imprimé.

 

Difficulté 4 : le manque de lien avec le ressenti (surement le plus important)

A trop vouloir enseigner une technique, certains enseignants en ont oublié le ressenti. Pour apprendre, le cerveau a besoin d'avoir un message du corps via le ressenti. Si l'on ressent la bonne position, cela sera plus facile de la retrouver, plutôt que de chercher à mettre la jambe comme ci et la main comme ça. Je vous invite à essayer la méthode alexander, vous verrez à quel point la rapidité d'apprentissage est bluffante quand on ressent avant d'appliquer une technique.

Et évidemment, si quand on est dans le ressenti, on ne se disperse pas avec: "mes jambes, mes mains, mon assiete...", on cherche juste la bonne position ressentie (une seule info qui permet de rester concentré-e). :-)

 

Avez-vous identifier ses difficultés ?

Et vous, comment faites-vous pour garantir de bonnes conditions d'apprentissage à vos élèves ?

Racontez-moi en commentaire.

Les élèves (que nous sommes tous) peuvent aussi apporter leur témoignage. :-)

 

NDLA : les 4 facteurs énoncés sont issus des résultats d'études scientifiques en neurosciences (étude du fonctionnement du cerveau).

 


02/01/2019
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Le cheval non montable en question

Que ce soit l'âge ou une pathologie, de nombreux chevaux sont non montables. En réalité, ils représentent une partie conséquente du cheptel de chevaux dans le monde. Alors, on en fait quoi ?

 

Pourquoi on se pose la question pour le cheval et pas pour les autres animaux domestiques, comme les chiens et les chats ?

  • Parce-que le cheval travaille avec l'humain et qu'il a un statut batard entre l'animal de travail et l'animal de compagnie. Sauf que souvent quand il ne peut plus travailler, il ne devient pas toujours animal de compagnie à temps plein. 
  • Parce-que le coût d'entretien d'un cheval est plus élevé que celui d'un chien ou d'un chat. Et que sa retraite est parfois synonyme de surcout important et régulier (frais vétos, compléments, soins spécifiques...).
  • Parce-que dans la majorité des cas, les personnes veulent un cheval pour le monter. C'est leur sport et leur passion. Et s'il n'est plus montable, ils ne peuvent plus pratiquer leur sport avec leur cheval. d'où là aussi un surcoût (prendre un autre cheval ou une DP ou autre).

Parce-que dans nos sociétés, le cheval est un animal qui bosse et que notre mode de consommation ne prévoit pas l'obsolescence de l'animal de travail. S'il ne sert plus, il ne doit plus coûter d'argent. Les autres animaux domestiques qui ne servent plus sont tués (vaches, chèvres...) pour rapporter encore un peu d'argent.

 

Et si on voyait le cheval autrement ?

 

TOUS les cavaliers vous le diront, le cheval est leur ami. Ils ont une relation avec lui. Et même quand ils s'en séparent, cet animal restera dans leurs souvenirs comme leur ami.

Mais cet ami coûte cher... Alors, comment faire évoluer son point de vue ?

 

Un cheval non montable reste un cheval à part entière. Que son intégrité physique soit atteinte est une chose, mais il est toujours en capacité : 

- d'apprendre des nouvelles choses (en respectant son physique). L'humain apprend ainsi à dresser son cheval, c'est ludique et valorisant.

- de faire plein de choses en travail à pied et notamment, des compétitions d'équifeel ou équifun à pied.

- de transmettre son savoir à d'autres chevaux, de les guider en extérieur. Très utile pour les professionnels comme les particuliers. Le cheval non montable est un gage de sécurité (=moins d'accident = baisse des coûts)

- de vous écouter et de vous apaiser. Indispensable. Cela n'a pas de prix. Voir l'interview Arlette Agassis (elle parle aussi des chevaux non montables).

- d'aider des personnes en grande difficulté (handicaps diverses). La médiation animale est en plein essor. Le cheval est très performant en la matière et les professionnels en médiation équine sont de mieux en mieux formés.

- de tenir compagnie à des poulains au sevrage et de leur apprendre les codes pour devenir un cheval adulte (. On sait désormais que cette pratique peut éviter les tics et favorise le bien-être et les apprentissages du jeune cheval dans la durée. Le cheval non montable aide ainsi à valoriser les jeunes chevaux (= gain supérieur pour l'éleveur). (cf. étude de S. Henry et al)

- de se laisser observer pour mieux comprendre les comportements du cheval et savoir comment agir avec les chevaux. Cela concorde avec la sécurité du cavalier et du cheval (=moins d'accidents = baisse des coûts). Et aussi, cela participe à offrir de nouvelles activités aux particuliers. De plus en plus de personnes souhaitent avoir des contacts avec les chevaux sans vouloir les monter, il serait temps de leur offrir ces moments privilégiés (exemple : personnes âgées, parents d'enfants qui montent à cheval...).

 

 

 

N.B. : je me sens parfaitement légitime pour parler de ce sujet.

En effet, mon cheval n'est plus montable depuis 2015, il venait d'avoir 9 ans. Il en a 12 et je compte bien passer les 20 prochaines années avec lui. Les soins m'ont coûté plus de 37 000 euros. Et, il continue d'avoir des soins spécifiques pendant encore quelques temps. Je n'aurais certainement pas d'autre cheval, je n'en ai pas les moyens. Mais surtout, vu le temps que je passe avec lui. Il est devenu mon élève et maitre  en étohologie équine depuis j'ai mon diplôme en éthologie du cheval. Je réalise des pré-études en éthologie avec lui (et d'autres), je passe du temps à l'observer pour m'entrainer, à lui apprendre des choses pour expérimenter, à construire notre relation parce-que...Mon cheval est mon ami, pour la vie.

Son amitié est inconditionnelle, la mienne aussi.

 

 

 

 


31/12/2018
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Une difficulté majeure

La difficulté sur le bien-être des chevaux, à mon avis, c'est que c'est le seul animal que nous exploitons toujours mais que nous considérons aussi comme un animal de compagnie (pour une grande partie des cavaliers).

 

Il y a donc là un usage du cheval qui n'est pas dans sa nature (porter un cavalier) et un lien affectif que l'on a généralement avec des animaux que nous n'utilisons pas (chiens, chats).

On pourra m'opposer que des chiens travaillent (pour les aveugles, l'agility, gardien de bétail), oui mais dans des proportions bien moindre que les chevaux. 95% des chevaux sont destinés à un usage sportif ou de travail. Les autres sont en retraite.

C'est pour quoi, il me semble, leur condition de vie sont difficiles, ils doivent être accessibles comme des animaux de compagnie, mais soumis à nos motivations comme des animaux de travail.

Leur taille n'est évidemment pas pour simplifier leur vie dans nos conditions d'humain.

 

Nous faisons donc tous de notre mieux pour nos chevaux, mais nous sommes pris dans un paradoxe qui n'est pas simple à résoudre.

 

C'est dans cette immense difficulté à résoudre que je me suis lancée quand j'ai entrepris d'améliorer le bien-être des chevaux et d'aller vers un dialogue inter-espèces entre l'humain et le cheval.

 

Rien n'est simple, on ne peut pas mettre tous les chevaux en pâture, on ne peut pas enlever tous les fers (bouche et pieds), mais on peut trouver des solutions pour un mieux-être, une meilleure compréhension et un dialogue basé sur l'échange (écouter/parler) et le lien (affectif et/ou de travail).

 


07/09/2017
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