Bucéphale

Décrypter les comportements


Le mythe des oreilles en arrière

Tous les cavaliers craignent les oreilles en arrière. A raison, dans nos conditions d'hébergement, le cheval manifeste souvent son agressivité avec les oreilles en arrîère.

 

Mais, comme pour les oreilles en avant, les oreilles en arrière ont besoin d'autres observables pour déterminer le comportement, mais aussi du contexte (encore plus que pour les oreilles en avant, à mon sens).

 

Les oreilles en arrière peuvent être un simple message, pas forcément une menace. Entre deux chevaux, l'un va indiquer à l'autre que c'est lui le dominant, qu'il souhaite accéder en premier au foin. La menace ne vient que si les oreilles se plaquent plus et que le nez se pince.

Avec un humain, chez un cheval correctement éduqué avec une bonne relation à l'humain, ça peut être l'indication d'une douleur et donc pas une menace.

Dans le cas d'une promenade à cheval, les oreilles en arrière indique uniquement la surveillance auditive du cheval (spécialement s'il n'est pas en tête).

 

L'important, encore une fois, est d'essayer de comprendre et de ne pas être binaire.

Observer reste la clé. :-)

 


07/12/2020
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Le mythe des oreilles en avant

Quand on cotoit les chevaux, une des premières choses que l'on apprend c'est à regarder les oreilles du cheval.

 

Quand elles sont en avant, le cheval est "content". Tout va bien.

Depuis quelques années, les scientifiques nous aident à décoder les chevaux, et l'on sait désormais décoder les comportements.

 

Plusieurs comportements ont pour observables les oreilles en avant. Comme le pas exploratoire, l'attention, la peur. Dans ces 3 cas, on ne peut pas décire le cheval comme "content". Cela n'a rien à voir.

Dans le pas exploratoire, il observe.

Dans l'attention, il écoute.

Dans la peur, il écoute ou observe mais avec des fonction cognitives bloquées (sous l'effet de la peur).

 

Il n'est donc pas possible de continuer à dire qu'un cheval qui a les oreilles en avant, est "content". Ce sont les autres observables qui vont nous aider à dire ce que ressent le cheval.

 

Pour dire qu'un cheval est "content", il est important d'acquérir la subtilité et les nuances de tous les comportements. Sans ces connaissances, il est impossible de le dire.

 

Surtout que la joie du cheval ne se manifeste pas tout à fait, avec les oreilles en avant. ;-)

 

 


07/12/2020
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A quoi sert l'observation des chevaux ? A tout !

Depuis que je suis formée à l'observation des chevaux, je me rend compte du champs d'application de ce savoir-faire. Il est immense. Je pense qu'il me reste encore beaucoup de choses à découvrir et à apprendre, mais je peux déjà vous dire (car j'en ai fait l'expérience) que cela sert à tout !

 

 

Pour observer, on s'appuie sur des observables.

 

L'observation des chevaux permet de savoir ce que dit le cheval. Nous avons déjà beaucoup d'observables fiables apportées par les études scientifiques et nous allons en découvrir d'autres dans les années à venir.

 

Qu'est-ce qu'un observable ? Ce sont les positions des différentes parties du corps qui forment un comportement. Ce comportement est décrit dans toutes ses dimensions dans un éthogramme. L'éthogramme répertorie les comportements d'une espèce ou d'un groupe d'individus d'une espèce à une période donnée, dans des conditions de vie données.

 

L'éthogramme du cheval domestique diffère du cheval sauvage, par exemple.

 

Exemple de comportement avec ses observables : le repos debout. Principaux observables : encolure hauteur du garrot ou légèrement plus basse, lèvre inférieure relâchée, postérieur au repos, yeux mi-clos, oreilles sur le côté.

 

Si le cheval à l'oeil fixe et la lèvre inférieure crispée, il n'est pas au repos mais dans une apathie révélatrice de mal-être.

 

Pour observer correctement un comportement, vous devez avoir la totalité des observables. Si un observable manque à l'appel, c'est un autre comportement. Parfois, il est connu, d'autres fois, il ne l'est pas et il faut attendre que la recherche avance ou se fier à son instinct (ça fonctionne dans certains cas).

 

 

Observer sert à tout, tout le temps (liste non exhaustive)

 

L'observation vous met en sécurité, vous permet de comprendre les situations et donc de réagir avec pertinence et calme. Avec l'observation, vous savez :

 

  • anticipez la peur du cheval et donc vous mettre en sécurité. Indispensable au quotidien, en balade, au débourrage, dans un nouveau lieu, avec un nouvel objet... = LA SECURITE

 

  • détectez la différence entre le discours de l'humain et la réalité du cheval (l'humain n'est pas forcément menteur, il peut être de bonne foi, mais mal identifier les comportements). Indispensable quand vous achetez ou vous faites confiez un cheval, quand on vous propose un cheval pour une randonnée ou simplement quand on vous demande de vous en occuper quelques heures. = LA REALITE

     

  • réglez le curseur pour les apprentissages : ne pas aller trop vite ou trop lentement pour lui. Indispensable pour la compréhension, la bonne acquisition des apprentissages. Un mauvais apprentissage peut créer de la confusion chez le cheval et altérer durablement sa relation à l'humain. = LA COMPREHENSION

 

  • vous comportez avec lui : le rassurer, le laisser tranquille, le motiver... Et aussi ce qu'il tolère de l'humain, chaque cheval ayant sa propre relation à l'humain (proximité, nature des échanges...). = LA CONFIANCE

 

  • mieux identifier sa douleur, qu'elle soit physique ou psychologique. Indispensable tout le temps pour éviter des accidents, des pathologies qui s'aggravent, une convalescence qui va trop vite ou trop lentement. Egalement, trop de chevaux sont en détresse psychologique à l'insu des humains qui croient bien faire. = LE SOIN

     

 

La connaissance est un remède très puissant contre l'ignorance qui entraine les mauvais traitements, les mauvais diagnostics et les mauvais remèdes.

 

La connaissance est un chemin passionnant vers le respect, l'harmonie et la sérénité.

 

La connaissance nous permet de comprendre l'autre, de l'accepter tel qu'il est et de choisir ensemble et en conscience une façon de vivre et des pratiques communes.

 

A mon sens, l'observation des chevaux devrait être enseigné à tous les professionnels, les propriétaires et les personnes cotoyant des chevaux. Une fois que l'on sait observer, on peut élaborer des solutions ensemble (c'est la base de l'éthologie appliquée).

 

Un cheval ne fait jamais rien pour vous embêter, ce qu'il fait correspond à ce qu'il est et à ce que son espèce peut exprimer. Observer, c'est la clé.

 

 


31/07/2020
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Impuissance acquise : le faux ami que l'on ne sait pas reconnaitre

Je viens de visionner une vidéo que je vais vous décrire pour éviter d'identifier la personne qui l'a faite de bonne foi.

 

Le cheval est confronté à un objet nouveau (un parapluie qui s'ouvre). A pied. Sa première réaction est une fuite. L'encolure est haute, la queue plaquée. La fuite est incomplète car il est tenu en longe (il recule de 2 pas avant d'être bloqué).

Les autres étapes sont frotter le cheval avec l'objet (fermé), puis l'ourvir au-dessus de lui. A ce moment-là le cheval est tenu en longe, il reste immobile mais montre des observables de la peur : encolure haute, queue plaquée, lèvres serrées et par moment machouillement intense.

L'étape montée a les mêmes observables : encolure haute, queue plaquée, lèvres pincées et machouillement très intense (limite stéréotypies tellement il se répète). Mais le cheval est immobile.

Dans toutes les situations, le cheval est relativement immobile et c'est là, le faux ami. On pense qu'il est sage, qu'il n'a pas peur, mais tous les observables contredisent cela. Le cheval a peur. Alors pourquoi ne fuit-il pas ?

 

Tous les cerveaux des mamifères fonctionnement de la même façon. Face à un danger, la réaction biologique est de fuir ou de combattre. Le cheval fuit, c'est le propre de l'espèce. QUand il ne peut pas fuir, le cerveau actionne une autre protection : l'effondrement. En clair, la prostration. Dans l'impossibilité de se protéger du danger, le cerveau va bloquer totalement l'organisme. Mais, les observables de la peur reste.

C'est Pavlov, le premier qui a observé ce comportement après que ses chiens de laboratoire aient été confrontés à une inondation d'eau glacée enfermés dans leur cage. Après cet événement, les chiens ne manifestaient plus aucune réaction dès qu'un nouveau fait inquiétant (peu inquiétant ou très inquiétant) survenait.

 

Conclusion

  • Il est indispensable de connaitre les observables de la peur, c'est sur cette base et uniquement sur cette base que vous pourrez savoir ce que ressend votre cheval et comment agir.
  • Il est absolument indispensable de laisser le cheval sous le seuil de peur pour tous les apprentissages. Sinon, et en l'absence de possibilité de fuir, il va apprendre l'impuissance. Dès qu'il a appris à se résigner, il reproduit cet apprentissage et donc bloque ses réactions. Ca ne veut pas dire qu'il a appris, qu'il va bien, mais qu'il est bloqué. Deux solutions : il se résigne de plus en plus et s'éteint totalement. Il se résigne de plus en plus et un jour il explose. C'est le falmeux cheval de club trop mingnon qui pète un plomb un jour et personne ne comprend ("il était si mignon". Non, il n'était pas mignon, il était prostré).
  • Il est donc indispensable de laisser les chevaux s'exprimer. Et c'est à nous de les aider à comprendre ce que l'on attend d'eux, sous le seuil de peur. D'y aller aussi progressivement que le requiert chaque cheval, car chaque cheval est unique.

 

Ne leur apprenez pas l'impuissance, la résignation, c'est une grande source de mal-être, cela introduit du négatif dans votre relation au cheval et à terme, cela peut devenir très dangereux (cheval qui explose, agressivité à l'humain qui progresse en même temps que l'impuisance acquise).

 

 

 

 


28/03/2020
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Mon petit cheval ne fait pas de bêtises

Mon petit cheval ne fait pas de bêtises, jamais. Il n'est pas irrespectueux, jamais.

Vous ne me croyez pas ? Je vais vous expliquer.

 

Saïd ne fait pas de bêtises

Ce que l'on appelle les bêtises, sont des actions considérées comme inadaptées du point de vue de l'humain.

Exemple : il renverse un objet qui était à sa portée. L'humain dit "Pffff, tu peux pas faire attention ??". Pour le cheval, cet objet était connu ou inconnu, mais il avait besoin de l'explorer avec ses sens : olfaction et toucher. Comme il ne connaissait pas son poid, ignore la pesanteur : l'objet est tombé lors de l'exploration. Pour le cheval, c'est un comportement adapté : explorer son environnement.

Si votre cheval n'explore pas son environnement, c'est ANORMAL, voire inquiétant (sauf s'il se repose ou dort).

Conclusion : si vous ne voulez pas que votre cheval fasse des "bêtises", apprenez à mieux connaitre l'espèce et veillez à ne pas provoquer des "bêtises" qui sont en fait les vôtres...

Comment je fais ? Saïd est peu émotif donc a tendance à beaucoup explorer. J'ai deux options :

- je laisse loin de lui tout ce qu'il pourrait explorer si je crains qu'il ne le fasse tomber (selle, tapis...)

- je lui montre ce que je pose près de lui quand c'est indispensable (produits de soins par exemple). Une fois qu'il a finit d'explorer, je pose et il le laisse. Il explore moins longtemps un objet déjà connu.

Cela prend du temps ? Oui et non. Oui, pour un nouvel objet. Tout objet déjà vu sera exploré plus vite. Et non, car c'est toujours moins long que de ramasser, nettoyer, etc.

 

Saïd n'est pas irrespectueux

Mon cheval a la grande chance d'avoir été élevé dans les meilleures conditions possibles pour un cheval domestique. Il connait donc parfaitement les codes sociaux de son espèce et il est proche de l'humain, ce qui lui donne une base de code social avec l'humain. Quand je l'ai eu, il a testé, comme moi à son égard. J'ai testé mon cheval pour savoir qui il était et il m'a testé pour savoir qui j'étais. Nous avons appris l'un de l'autre. Il a appris à marcher en main, sans se faire trainer par la longe, sans me bousculer, en étant à la place qui nous mettait en sécurité tous les deux. J'ai appris à marcher à son ryhtme (trèèèès rapide) et à varier mes distances selon ses besoins ou ses envies.

Il a appris à ne jamais me marcher dessus, même quand je tombe devant lui, même quand il a peur : il m'évite, comme il le ferait avec un autre cheval. Et je précise bien avec n'importe quel autre cheval, pas seulement avec un dominant. Les chevaux ne se bousculent pas, ne se marchent pas dessus, jamais.

Conclusion : laisser le cheval comprendre qui vous êtes et apprenez-lui ce qu'il peut faire avec un humain. Donnez-lui un cadre clair, qui ne change jamais. Un cheval a besoin de comprendre où sont les limites. Quand je dis comprendre, ça induit de le laisser expérimenter, de lui laisser le temps d'assimiler. Et non pas juste, lui donner un ordre pas compréhensible pour lui. Et dans cet apprentissage, respectez-le, respectez sa nature, sa singularité (son émotivité, sa grégarité...). Avec un cheval émotif, le respect s'apprend dans le plus grand calme, sans aucun élément qui pourrait susciter la peur, et surtout pas en s'agitant quand il bouscule.

 

Saïd serait-il le cheval parfait, trop sage pour être vrai ?

Saïd n'est parfait qu'à mes yeux. ;-) Donc, objectivement, il n'est pas parfait (ahhh, c'est horrible de dire ça!!!! ;-)). Trève de plaisanterie. C'est arrivé 2 fois en 10 ans, mais on a eu un différent. Il s'est enfui alors que je souhaitais qu'il reste près de moi. Mais, ce n'est pas une bêtise. C'était un message : pour des raisons personnelles, je le polluais, et il me l'avait dit doucement. J'avais entendu, un peu, mais je ne parvenais à surmonter mes difficultés. Alors, il l'a dit plus fort : avec la fuite. Comme un électrochoc, ce message m'a fait réagir et évoluer. Je considère donc cette fuite comme bénéfique puisqu'elle m'a fait grandir.

Conclusion : le cheval a toujours raison. Ce qu'il fait, il le fait pour une raison très précise. A nous de trouver laquelle, d'écouter, de comprendre et de se remettre en question.

C'est aussi parce-que nos chevaux nous posent les bonnes questions et nous obligent à évoluer que nous les aimons.

 

Que faut-il retenir des bêtises des chevaux ?

- c'est une vision humaine, et si on se mettait à la place du cheval ?

- c'est une question d'apprentissage, et si on apprenait à leur apprendre ?

- c'est un message, et si on les écoutait ?

 

Ps : j'ai pris conscience de tout cela depuis plusieurs années et l'éthologie m'a énormément aidé à progresser dans cette voie. C'est aussi pour ça que je transmets autant que possible mes connaissances et que je continue chaque jour d'apprendre toujours plus sur cette fabuleuse espèce : le cheval.

 

Saïd, mon petit cheval parfait concentré au travail avec moi

Saïd, mon petit cheval parfait concentré au travail avec moi


23/01/2020
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