Impuissance acquise : le faux ami que l'on ne sait pas reconnaitre
Je viens de visionner une vidéo que je vais vous décrire pour éviter d'identifier la personne qui l'a faite de bonne foi.
Le cheval est confronté à un objet nouveau (un parapluie qui s'ouvre). A pied. Sa première réaction est une fuite. L'encolure est haute, la queue plaquée. La fuite est incomplète car il est tenu en longe (il recule de 2 pas avant d'être bloqué).
Les autres étapes sont frotter le cheval avec l'objet (fermé), puis l'ourvir au-dessus de lui. A ce moment-là le cheval est tenu en longe, il reste immobile mais montre des observables de la peur : encolure haute, queue plaquée, lèvres serrées et par moment machouillement intense.
L'étape montée a les mêmes observables : encolure haute, queue plaquée, lèvres pincées et machouillement très intense (limite stéréotypies tellement il se répète). Mais le cheval est immobile.
Dans toutes les situations, le cheval est relativement immobile et c'est là, le faux ami. On pense qu'il est sage, qu'il n'a pas peur, mais tous les observables contredisent cela. Le cheval a peur. Alors pourquoi ne fuit-il pas ?
Tous les cerveaux des mamifères fonctionnement de la même façon. Face à un danger, la réaction biologique est de fuir ou de combattre. Le cheval fuit, c'est le propre de l'espèce. QUand il ne peut pas fuir, le cerveau actionne une autre protection : l'effondrement. En clair, la prostration. Dans l'impossibilité de se protéger du danger, le cerveau va bloquer totalement l'organisme. Mais, les observables de la peur reste.
C'est Pavlov, le premier qui a observé ce comportement après que ses chiens de laboratoire aient été confrontés à une inondation d'eau glacée enfermés dans leur cage. Après cet événement, les chiens ne manifestaient plus aucune réaction dès qu'un nouveau fait inquiétant (peu inquiétant ou très inquiétant) survenait.
Conclusion
- Il est indispensable de connaitre les observables de la peur, c'est sur cette base et uniquement sur cette base que vous pourrez savoir ce que ressend votre cheval et comment agir.
- Il est absolument indispensable de laisser le cheval sous le seuil de peur pour tous les apprentissages. Sinon, et en l'absence de possibilité de fuir, il va apprendre l'impuissance. Dès qu'il a appris à se résigner, il reproduit cet apprentissage et donc bloque ses réactions. Ca ne veut pas dire qu'il a appris, qu'il va bien, mais qu'il est bloqué. Deux solutions : il se résigne de plus en plus et s'éteint totalement. Il se résigne de plus en plus et un jour il explose. C'est le falmeux cheval de club trop mingnon qui pète un plomb un jour et personne ne comprend ("il était si mignon". Non, il n'était pas mignon, il était prostré).
- Il est donc indispensable de laisser les chevaux s'exprimer. Et c'est à nous de les aider à comprendre ce que l'on attend d'eux, sous le seuil de peur. D'y aller aussi progressivement que le requiert chaque cheval, car chaque cheval est unique.
Ne leur apprenez pas l'impuissance, la résignation, c'est une grande source de mal-être, cela introduit du négatif dans votre relation au cheval et à terme, cela peut devenir très dangereux (cheval qui explose, agressivité à l'humain qui progresse en même temps que l'impuisance acquise).
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