Le carnage silencieux... Ou comment retrouver l'envie d'apprendre
Vous avez dû voir passer cette info : 43% des chevaux abattus avant 10 ans à cause de problèmes comportementaux.
Directrice de recherche et éthologue renommée (scientifique), Martine Hausberger a tiré le signal d’alarme.
La sécurité des humains passe par le bien-être du cheval . Un cheval bien dans sa tête cause moins d’accidents, est plus facile à gérer dans toutes les activités (travail, pansage, van, en main...), à éduquer et à soigner.
Nous avons les moyens de stopper ce carnage : avec la formation des professionnels !
Ce que révèle cette information c’est que nous avons les moyens depuis longtemps d’éviter les problèmes comportementaux.
De la naissance à la vente, en aidant les éleveurs, les vétérinaires, les entraineurs, les moniteurs... Comment ? En les informant des récentes études, en expérimentantavec eux des solutions adaptées à leur structure, leur disponibilité et leur finance. Bien des choses peuvent être mises en place pour éviter les problèmes de comportements.
Je vous donne un exemple parmi tant d’autres entendu dans ma vie de cavalière. Un moniteur dit à ses élèves régulièrement : “le cheval est gourmant” Or, le cheval n’est pas gourmant... il a un métabolisme fait pour manger 15h par jour (quand nous, nous mangeons moins de deux heures par jour répartis en 3 fois). Donc, oui, quand il ne peut pas manger 15h par jour, il se jette sur la nourriture et peut être dangereux. Pour certains chevaux, on sait que cette absence de nourriture en continu peut provoquer des douleurs insupportables... Qui d’entre nous est aimable quand il a une douleur ? Qui ne serait pas agressif dans ce cas ? (perso, je suis odieuse quand j’ai faim, c’est incontrôlable).
Ca veut dire quoi ? qu’il y a urgence à mieux former les professionnels du monde du cheval. Combien savent reconnaitre une posture figée, la distinguer d’un repos debout ? Combien savent ce qu’est la résignation acquise et le potentiel de violence et d’agressivité qu’elle enferme... jusqu’à ce qu’elle explose ! (vous savez, le cheval super sympa qui se met à péter les plombs un jour sans crier gare. Il est là, sous vos yeux, il a tout dit de son mal-être. Et vous n’avez rien vu... et, quand il n'en peux plus, il peut faire très mal ! A lui, et aux humains).
Détecter plus amont, les signaux faibles... pour éviter les catastrophes
Moi aussi, j’ai cru savoir et j’ai été mise en échec. Moi aussi, je fréquentais les chevaux depuis 30 ans, je savais ce que je faisais. Je sais reconnaitre un cheval agressif.
Sauf que... Après une formation scientifiques rigoureuses, j'ai identifié des observables tangibles, scientifiquement démontrés, qui m’ont donné des moyens de détection plus fins, plus en amont. Et que j’ai admis, que je ne savais rien... ou si peu. Et j’ai compris que je pouvais faire beaucoup plus pour améliorer le bien-être des chevaux et réduire les comportements indésirables. Avant, je repérai un peu les problèmes et j’y faisais face. Maintenant, je suis capable de les anticiper très en amont et de les traiter dans la durée et en profondeur.
On a toujours plein de choses à apprendre des autres, des chevaux
Si on n’a jamais fini d’apprendre en équitation, pourquoi aurait-on fini d’apprendre sur le comportement des chevaux.
Ce serait absurde, n’est-ce pas ? C’est pourtant ce que nous faisons, tous, à un moment ou à un autre.
Laissons-nous guider par les chevaux, sachons les écouter, ce n’est qu’à ce prix que nous vivrons paisiblement et en bonne intelligence avec eux. Que nous cesserons de les envoyer à l'abattoir par notre faute.
Tous les grands maitres l’ont dit : les chevaux leur ont tant appris. Pourquoi ne pas nous aider de ce que la science à découvert pour mieux apprendre, comprendre et continuer à expérimenter et à challenger la science.
Ne nous détournons pas de la science parce-qu’elle est rigueur et que nous pensons intuition. Marions les deux. De nos intuitions naitrons des hypothèses que la science explorera pour nous aider à comprendre. La science a besoin de remise en question pour avancer.
Sachons appliquer la science, non pas à la lettre, mais avec notre être, notre intuition, nos différences et notre spontanéité.
Demandons à la science, de valider ce que certains pratiquent depuis longtemps. Par exemple, nombre d’éleveurs savent que c’est en passant par la jument que l’on amène le poulain à une meilleure relation à l’humain, pas en en le manipulant très tôt. La science l’a désormais montrée (sur plusieurs espèces, notamment le cheval).
Je suis convaincue que si nous n’apprenons pas ensemble, si nous ne nous écoutons pas entre humains (chercheurs, professionnels, particuliers) et si nous ne nous écoutons pas entre espèces, nous sommes condamnés à faire toujours plus de la même chose qui aboutit à toujours plus du même résultat : 43% de chevaux abattus avant 10 ans. Pourquoi ? Parce-que notre ego est plus grand ? Parce-que nous, on sait ? On sait quoi, en fait ?
On a toujours à apprendre des chevaux, je parie même que c’est aussi pour ça qu’on les aime. Alors écoutons-les, prenons-en soin, ils nous le rendront par un comportement adapté.
Si notre comportement est adapté, leur comportement sera adapté.
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