Bucéphale

La punition en question

La punition est le plus souvent néfaste à la relation, inutile à l'apprentissage. Personnellement, j'évite de l'utiliser. Quelques explications. Je précise au passage que je travaille essentiellement en renforcement positif (avec récompense alimentaire), ce qui explique ma réticence à la punition.

 

Les punitions arrivent parfois au plus mauvais moment :

  • quand il a peur (le cerveau est déconnecté et l'apprentissage ne se fait pas, le cheval ne fait pas le lien entre le mauvais comportement- sa peur- et la punition. 
  • quand il revient après s'être sauvé (pile le moment à récompenser au contraire),
  • quand il fait autre chose (il est repassé au pas, on voulait un appuyé au trot : le cheval comprend que de repasser au pas pose problème...),
  • suite à une contingence humaine (il a renversé son seau = problème pour l'humain mais le cheval ne voit pas ce qui pose problème. Il renverse une bouteille parce-qu'il l'a flaire... On est pressé, il regarde un truc...). Et là, cest à nous de reconnaitre la nature du cheval et à faire attention, pas à lui de comprendre nos contigences humaines.

 

Les effets néfastes de la punition sont nombreux

- confusion du cheval, incompréhension pouvant mener à un déficit cognitif

- inhibition de l'expression des émotions, allant jusqu'à la résignation acquise (cheval qui ne réagit plus)

- augmentation/ apparition de la peur

- détérioration la relation à l'humain pouvant aller jusqu'à une aversion avec menaces et coups. Selon l'état émotif du cheval, il est parfois impossible de reprendre le travail dans les minutes qui suivent.

- possibilité de blessures (le cheval qui fait un écart face à la punition et se blesse)

 

 

Quelques rares cas d'utilisation de la punition

- quand vous êtes en danger immédiat.

Ce qui doit rester très rare car c'est à nous de nous assurer autant que possible la sécurité = pas de comportement à risques. Exemples : je préviens quand je passe derrière, TOUJOURS. Je teste la relation à l'humain dans les premières secondes (oui, oui secondes) = je regarde à qui j'ai à faire pour savoir comment me comporter.

Dans ce cas, la punition se traduit par une menace ou une tape (comme un cheval) sur des zones "molles" (poitrail, encolure, cuisse), jamais le nez (hyper sensible, ni les membres évidemment). La force est contrôlée (comme les chevaux entre eux) : l'objectif n'est pas de faire mal mais d'éloigner le danger.

 

- quand la désobéissance est flagrante ET VIENT DU CHEVAL. Et non pas une désobéissance dûe à mon inexpérience, ma fatigue, mon manque de présence.

Dans ce cas, on met de l'inconfort. Exemple : j'ai demandé de stopper de brouter avec les 3 niveaux vocaux dont je dispose (ordre, "non" et "attention, je vais sanctionner"), il continue, je tire sur le licol.

 

 

Et le retrait de nourriture ?

Il existe des punitions comme le retrait de nourriture que je n'utilise que dans le cas des chevaux qui gratte ou tape dans la porte du box. Pourquoi ?

Pour un animal qui passe l'essentiel de sa vie à manger, cette punition est trop cruelle, il me semble. Et pas forcément compréhensible, contrairement à la menace et au coup qui est un des comportements du cheval. Dans le cas du cheval qui gratte, s'il y a retrait de nourriture quand il gratte, il y a don de nourriture dès qu'il cesse. Cela me parait être une punition juste, en partie frustrante mais qui donne l'occasion au cheval d'apprendre facilement le bon comportement.

 

 



26/03/2019
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