Bucéphale

Je suis souvent remise en cause quand j'aborde les résultats des études scientifiques. Petit tour d'horizon de ce que j'entend le plus souvent.

A quoi servent les études ?

"Ca sert à rien, on a toujours fait comme ça et ça fonctionne". Oui, mais... ça pourrait fonctionner mieux.

Exemple : le sevrage du poulain. Il est sevré par l'homme vers 6 mois. Dans la nature, c'est la jument qui décide autour de 8 à 10 mois.

Alors, oui, les poulains le supportent et les juments aussi mais à quel prix. Le sevrage trop tôt chez le poulain multiplie les risques de stéréotypies (tics), inhibe l'apprentissage (qui se fait moins bien) et peut engendrer des problèmes comportementaux avec l'homme.

Disent-elles toutes vraies ?

"Certaines études disent le contraire". Oui, cela arrive. Pour plusieurs raisons.

D'abord la date à laquelle elles ont été menées et le protocole observé peuvent faire varier beaucoup les résultats. Mais aussi... le financeur.

Je ne peux que vous conseiller de regarder qui finance l'étude, à quelle date et selon quel protocole elle a été menée. Par exemple : une étude faite sur un petit nombre de chevaux ou un grand nombre de chevaux ne donnera pas forcément le même résultat. A savoir : plus le nombre d'individus observés est grand plus la probabilité que l'étude soit fiable est grand également.

Attention aussi, les avancées scientifiques en éthologie sont comme ailleurs, elles dépendent de l'avancée de la science en général (par exemple, on en sait plus sur le cerveau des mamifères depuis 20 ans, avant nous n'avions pas autant de données) et du prisme de la société (Descartes voyait les animaux comme des machines de chair, sans sentiment. Ce qui a faussé les études de l'époque, voire les a rendu inaudible ou impossible à mener).

Comment est faite une étude scientifique ?

"On leur fait dire ce que l'on veut, comme les sondages."

Non, une vraie étude scientifique se déroule en plusieurs temps.

Les scientifiques élaborent un protocole (la façon dont ils vont mener leur recherche : combien de chevaux, dans quelles conditions, quels tests...). Ils le font valider par leurs paris d'un autre laboratoire pour l'ajuster si nécessaire.

Ensuite, si plusieurs scientifiques mènent la même étude, ils vont répéter : faire plusieurs fois le protocole à blanc (sans reprendre les résultats pour l'étude finale) pour être sûr qu'ils voient les mêmes choses et parlent de la même chose. Exemple : les oreilles en arrière, c'est un angle de x degrés. Les deux scientifiques doivent être d'accord sur cet angle et sa perception.

Enfin, ils vont mener leur étude.

Puis, il font relire leur étude par des pairs qui vont challenger leur résultats (demander des compléments, interroger les corrélations...). Les scientifiques revoient donc leur étude dans ce sens, avant de la présenter à un comité scientifique pour validation et publication.

On le voit les études scientifiques ne sont pas toutes à prendre pour argent comptant. Mais, si on connait les auteurs, le financeur et le protocole, il y a de bonnes raisons de faire confiance et donc d'utiliser ces études pour les appliquer intelligement dans la vie avec nos chevaux.